Fêter les 80 ans de la Libération, une victoire...

Monsieur le Président de la 33ème section de l’Union des Mutilés et Ancien Combattants du Rhône,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs les représentants de la Journée rhodanienne de la Résistance, association fondée en 1967 par Robert Namiand et Robert Vallon, résistants, déportés,
Mesdames et Messieurs les Représentants de la Gendarmerie Nationale, mon Capitaine,
Monsieur le représentant du Ministère des Armées, mon Commandant,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Sapeurs-Pompiers, mon commandant,
Mesdames et Messieurs les enseignants et leurs élèves,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'Associations Fontainoises,
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil Municipal, chers collègues,
Chers représentants du Conseil Municipal d’Enfants,
Mesdames, Messieurs,
La Libération.
Il y a 80 ans jour pour jour, notre pays et toute l’Europe fête sa liberté retrouvée. C’est la fin de la Seconde Guerre Mondiale, une guerre si terriblement meurtrière qui a ravagé la France et l’Europe, ainsi que tant de pays dans le monde.
La Libération.
Pour comprendre la joie et le soulagement qui s’expriment dans tous les villages français en ce 8 mai 1945, il faut nous souvenir de ce que fût cette guerre atroce, qui a durement touché et éprouvé chaque famille, chaque français et française. Car le bilan est très lourd.
Ce conflit a causé la mort de dizaines de millions de personnes. Ce funèbre décompte est tellement vertigineux que nous ne pouvons pas nous le figurer, à peine l’imaginer.
En 1944 et 1945, ce sont aussi les camps de concentration qui sont progressivement libérés, et le mot « Libération » est ici lourd de sens, car le monde découvre dans ces camps, l’horreur absolue du régime totalitaire nazi. Bien des années plus tard, le procès de Klaus Barbie démontrera à quel point la haine et la barbarie ont été les moteurs d’un système de traque d’extermination des juifs, de toute minorité et bien sûr des résistants, dont Jean Moulin. Sous la responsabilité de Klaus Barbie, la Gestapo lyonnaise torture, exécute, déporte plus de 14 000 personnes en à peine 3 années.
Proches de nous, c’est sous ses ordres que les 44 enfants d'Izieux sont raflés le 6 avril 1944. J’évoquais l’année dernière lors de cette même commémoration leur tragique destin. Mais je mettais aussi en lumière les actes de courage et d’altruisme infinis à travers ceux qui ont caché et protégé des enfants traqués durant cette sombre période, ces simples citoyens devenus Justes Parmi les Nations.
Car Mesdames et Messieurs, de nombreux français, et parmi eux des Fontainois, ont résisté au joug nazi. La Résistance prend corps dès le début la guerre, aussi à Fontaines, au travers d’actes de bravoure, parfois désespérés, mais également d’actes quotidiens.
Ainsi, des témoignages retrouvés par l’association Fontaines Patrimoine racontent comment 5 ou 6 légionnaires français ont dressé le 19 juin 1940 des barricades dans l’actuelle rue Gambetta, alors que l’armée allemande progresse dans la région. Ils tiendront quelques heures, avant finalement d’être tués.
Roger Zannelli, le fils du cordonnier du village, se souvient également que son père, installé au 14 rue Pierre Bouvier, a proposé son aide à un militaire français, prisonnier de guerre, afin de le dissimuler aux Allemands. Ce soldat, fidèle à ses compagnons, refusa cette main tendue pour retourner dans la colonne qui comptait plusieurs dizaines de milliers de prisonniers.
Ces mêmes témoins nous éclairent aussi sur le rôle des troupes venues des colonies. Il en va ainsi des tirailleurs sénégalais, dont 6 d’entre eux furent fusillés par les soldats allemands à Fleurieu-sur-Saône : prisonniers de guerre, ils n’avaient simplement plus la force de marcher…
Nous commémorons chaque année la mémoire de celles et ceux qui ont combattu et résisté. Chaque 25 août, nous nous souvenons du rôle des aviateurs André Vieillie et Paul Malbète dont la Ville a dès le 22 octobre 1944 souhaité rendre hommage par la pose d’une plaque à l’hôtel du commerce, sur les quais.
Le 25 août 1944, ces deux hommes, qui effectuaient une dernière mission pour le réseau Hunter, un groupe de résistance à l’occupation allemande, vont être arrêtés par des miliciens qui occupaient l’hôtel du Commerce, à l’emplacement de l’actuelle librairie Bulles de Saône, pour un simple contrôle d’identité. Les Allemands découvriront sur eux des documents compromettants.
Les deux résistants auront beau être torturés trois heures durant, ils ne diront rien et seront assassinés de sang-froid sur le quai puis jetés dans la Saône. Nous y reviendrons dans quelques instants.
Quelques jours plus tard, le 2 septembre 1944, Lyon est libérée… et deux soldats allemands, se retirant du secteur en vélo, font exploser le pont de Fontaines.
Vous le comprenez, à Fontaines-sur-Saône comme ailleurs en France, le quotidien de la guerre est dur, éprouvant, trop souvent dramatique.
C’est en comprenant cela que nous pouvons saisir le soulagement de ce moment historique du 8 mai 1945, de la Libération. Car ce poids, si pesant, si terrible d’une abominable guerre qui a duré 6 longues années, ce poids peut désormais s’alléger peu à peu. Je dis peu à peu car il y aura le poids aussi de l’épuration, des procès, des lynchages et de la découverte d’une horreur indescriptible.
Mais… avec la Libération vient le temps de la joie et des festivités retrouvées.
Bien sûr, l’État français comme chaque village célèbre ses résistants, je le disais. Des monuments aux morts sont dressés, les noms des routes et des rues sont modifiés : le 9 décembre 1945, le conseil municipal de Fontaines-sur-Saône décide de dénommer la route du camp de Sathonay « Route de la Libération », et le Clos de la Mairie deviendra le « Clos du maquis ».
En nous rassemblant aujourd’hui, habillés comme dans les années 40, nous ne sommes pas déguisés… nous souhaitons rendre un hommage solennel à toute une époque, à tous les résistants, aux soldats, aux Alliés, aux Justes parmi les Nations, aux civils qui ont subi tant d’atrocités, à tous ces gens qui ont combattu et se sont dressés contre l’horreur pour libérer la France et l’Europe.
En fêtant pendant 2 jours la Libération, nous nous proposons de retrouver cet esprit d’après-guerre, ce soulagement de tout un pays, de cette nécessité de célébrer avec joie et bonheur après l’horreur.
Ces festivités sont d’ailleurs à l’époque aussi partagées avec nos Alliés. Car ils ont été nombreux à rejoindre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis dans une grande coalition : toutes les colonies d’alors, la Pologne, les pays du Commonwealth tels que le Canada ou l’Australie, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, la Yougoslavie, la Grèce, l’URSS, la Chine et la plupart des pays de l'Amérique latine.
Il est alors normal que les festivités de La Libération soient souvent empreintes des cultures de certains de ces pays, les soldats venant avec leur nourriture, leurs danses, leurs musiques. Les Américains ont notamment répandu le swing, dont nous avons fait l’expérience hier soir. Et ils sont repartis avec les chansons d’Édith Piaf dans leur bagage et leur mémoire !
Les archives communales nous apprennent d’ailleurs que le 17 juillet 1946, le conseil municipal décide d’essayer la projection de films américains à l’Alcazar.
Pour conclure cet hommage, j’ai choisi de citer longuement Charles De Gaulle qui, en ce fameux 8 mai 1945, prononce un discours qui traduit parfaitement ce mélange de joie immense et de nécessité de rendre hommage à tous ceux qui ont combattu et souffert pour nous libérer.
« Tandis que les rayons de la gloire font, une fois de plus, resplendir nos drapeaux, la patrie porte sa pensée et son amour, d’abord vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ! Pas un effort de ses soldats, de ses marins, de ses aviateurs, pas un acte de courage ou d’abnégation de ses fils et de ses filles, pas une souffrance de ses hommes et de ses femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une larme n’auront donc été perdus !
Dans la joie de la fierté nationale, le peuple français adresse son fraternel salut à ses vaillants alliés, qui, comme lui, pour la même cause que lui, ont durement, longuement prodigué leurs peines, à leurs héroïques armées et aux chefs qui les commandent, à tous ces hommes et à toutes ces femmes, qui, dans le monde, ont lutté, pâti, travaillé, pour que l’emportent, à la fin des fins ! La justice et la liberté.
Honneur ! Honneur pour toujours ! À nos armées et à leurs chefs ! Honneur à notre peuple, que des épreuves terribles n’ont pu réduire, ni fléchir ! Honneur aux Nations unies qui ont mêlé leur sang à notre sang, leurs peines à nos peines, leur espérance à notre espérance et qui, aujourd’hui, triomphent avec nous ! »
Vive la Paix
Vive l’Europe
Vive la République
Vive la France

Une décennie d’engagement pour le commerce local

Fontaines-sur-Saône continuera de briller tant que vos forces seront au rendez-vous !
